– La lutte contre le sida doit être féministe ! Suivez Equipop à la conférence AIDS 2022 à Montréal
La conférence internationale AIDS 2022 s’ouvre à Montréal vendredi 29 juillet. Très attendue par les activistes du monde entier, elle a lieu dans un contexte d’érosion des progrès en matière de lutte contre le VIH/sida. Equipop est sur place pour joindre sa voix à celles des activistes et pour interpeller les Etats et les organisations internationales sur la nécessité de faire converger les agendas féministes et de lutte contre le VIH/sida.
Un contexte marqué par l’aggravation des inégalités et des violences basées sur le genre
Dans son rapport annuel, ONUSIDA tire la sonnette d’alarme : la lutte contre le VIH/sida est “en danger”. Pour la première fois depuis vingt ans, nous assistons à des reculs, en partie dûs aux conséquences de la pandémie de COVID19. Le nombre de tests de dépistage, par exemple, a chuté. Cela rend la prévention plus difficile et laisse donc craindre une hausse des contaminations à venir. La crise sanitaire a aussi globalement eu pour effet d’exacerber les inégalités, notamment celles basées sur le genre, et les violences sexuelles, qui sont un des principaux moteurs de la pandémie chez les femmes et les filles.
Les associations féministes dénoncent depuis toujours ces inégalités et ces violences et soulignent l’importance de déconstruire les rapports de pouvoir sexistes qui les sous-tendent. Mais face aux discours convenus et aux résistances politiques, elles peinent encore à se faire entendre. Il est grand temps de les écouter et de mettre en œuvre les solutions qu’elles proposent. Plus que jamais, la lutte contre le sida doit être féministe !
Porter un agenda féministe dans la lutte contre le VIH/sida : les leviers et le rôle de la France
C’est pourquoi, à la veille de la conférence AIDS 2022, Equipop publie un document de recommandations qui fait le point sur les enjeux et les chiffres en matière d’égalité de genre et de VIH/sida, ainsi que sur les logiques patriarcales à l’œuvre dans la pandémie.
Il est utile de rappeler qu’en Afrique sub-saharienne, 25% des nouvelles infections concernent des adolescentes et des jeunes femmes (15-24 ans), alors que ces dernières ne représentent que 10% de la population totale de la région. Parmi les 15-19 ans plus précisément, les cas de nouvelles infections sont à 83% féminins. Cela signifie qu´en Afrique sub-saharienne, une adolescente a six fois plus de risques de contracter le VIH qu’un adolescent (sources : UNAIDS, Global AIDS update 2021 et UNAIDS epidemiological estimates, 2019).
Face au poids des inégalités et des normes de genre, l’approche bio-médicale est très insuffisante. Il faut remettre en cause l’ordre social sexiste par une série de changements politiques. Les droits sexuels de tou·te·s sont à placer au centre de l’action, aux côtés de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Ces changements requièrent l’adoption d’approches résolument féministes.
Le document identifie précisément les leviers à activer, en priorité par la France, pour porter un agenda féministe dans la lutte contre le VIH/sida :
- Se positionner comme leader d’un agenda féministe de lutte contre le VIH/sida au niveau international
- Augmenter les financements pour la lutte contre le VIH/sida et pour les associations féministes
- Contribuer à renforcer l’expertise Genre/VIH et la redevabilité sur ces enjeux
- Contribuer à développer et mettre en oeuvre des réponses opérationnelles pour l’intégration d’approches féministes dans la lutte contre le VIH/sida
A moins de deux mois de la conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la conférence de Montréal doit être le moment d’une remobilisation mondiale. Pas moins de 18 milliards de dollars sont nécessaires pour financer les activités du Fonds mondial et la mise en œuvre de sa nouvelle stratégie, qui se veut plus ambitieuse en matière d’égalité de genre, de promotion des droits sexuels et reproductifs, et de lutte contre les violences.
Le Canada et la France ont un rôle particulier à jouer. Le gouvernement canadien est aujourd’hui considéré comme un pionnier en matière de politique étrangère féministe. En tant qu’hôte de la conférence, il doit augmenter sa contribution au Fonds mondial, en ligne avec les demandes de la société civile, et avec une exigence particulière sur l’intégration du genre et des droits sexuels. La France doit faire de même, en cohérence avec son rôle de co-championne de la coalition DSSR du Forum Génération Egalité et avec les propos d’Emmanuel Macron, qui en 2019 à Lyon, avait souligné l’importance des liens entre égalité de genre, droits sexuels et reproductifs, et lutte contre le VIH/sida.
Suivez la participation d’Equipop à la conférence AIDS 2022 !
Pendant les cinq jours de la conférence, Equipop sera sur place, à Montréal. Nous rencontrerons des activistes et des associations du monde entier, des gouvernements, des représentant·e·s d’organisations internationales, afin d’identifier ensemble des moyens et des opportunités pour pousser cet agenda féministe, à tous les niveaux. Suivez-nous sur Twitter !