– Jeune et engagée contre les violences sexistes et sexuelles au Niger : Rabi témoigne de son implication dans le projet Jades II
Rabi Boubacar Souleymane a 29 ans et vit à Niamey. Elle est membre de l’ONG Lucc et du club UNESCO au Niger. Jeune Leader pour le Plaidoyer, elle participe aux activités de création et de mise en œuvre de JADES II, un projet qui vise à interpeler les autorités politiques compétentes sur les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) en milieu scolaire. Retour sur un an d’empouvoirement et d’engagement féministe.
À travers une approche inclusive et participative, le projet JADES II met les jeunes filles et garçons du Niger au cœur des activités. Rabi a participé à la conception du projet qu’elle mène actuellement : une campagne de plaidoyer, basée sur les résultats d’une enquête sur les VSS en milieu scolaire à Niamey et Maradi. Cette enquête est en ce moment même en train d’être menée par Rabi et les 29 autres Jeunes Leaders pour le Plaidoyer dans 7 établissements pour récolter des données probantes et ainsi amener les autorités à agir !
Rabi, qu’est-ce qui te plait le plus dans le projet Jades II ?
Lors de l’atelier d’incubation du projet, ce sont les exercices proposés, les travaux de groupe et l’esprit d’équipe que j’ai beaucoup aimé. Cela m’a aidé à comprendre comment on crée la maquette d’un projet, les recherches que l’on doit mener pour atteindre notre objectif.
Au cours de cette année en tant que Jeune Leader pour le Plaidoyer, ton engagement féministe s’est-il renforcé ?
Ce projet m’a permis de prendre conscience que nous vivions dans un monde où les violences sexistes et sexuelles sont banalisées ou minimisées. Maintenant je fais plus attention, à moi et à mon entourage. Durant cette année j’ai appris à identifier les cas de harcèlement dans les transports ou sur les réseaux sociaux par exemple et j’essaye d’y remédier. C’est déjà un pas. En 2016, j’ai été victime d’une tentative de viol. Je n’en avais jamais parlé à qui que ce soit. J’avais du mal à faire confiance, j’étais très méfiante des autres et je me suis renfermée sur moi-même. J’ai pu en parler à une personne de l’équipe projet et l’accompagnement d’Equipop m’a permis de réaliser que je n’étais pas responsable de ce qui m’était arrivé. Cela m’a beaucoup aidé et à renforcé mon engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Ma façon de voir le féminisme a changé. Je pensais, à tort, qu’être féministe c’était être à l’encontre de la nature et au-dessus des hommes. Je sais maintenant que c’est défendre les droits des femmes en tout genre, combattre le patriarcat et accepter tout le monde tel qu’il est. C’est pour cela que je me proclame aujourd’hui féministe, sans “mais” ni “si”, féministe “point”.
Qu’attends-tu de la suite du projet en termes d’apprentissages ?
Personnellement, je souhaite que ce changement positif de ma façon de voir les choses continue. Je voudrais qu’après JADES II, on ait JADES III, JADES IV, etc. jusqu’à ce qu’on en finisse avec les Violences Sexistes et Sexuelles.
Sur un plan plus militant et professionnel, j’aimerais qu’on nous donne accès à d’autres plateformes associatives, des espaces pour rencontrer d’autres jeunes militantes qui portent la même vision. J’ai pu, par exemple, participer à une rencontre entre 35 jeunes filles venant de 15 pays différents d’Afrique de l’Ouest et du Centre, via l’Institut Féministe Africain (IFA) . Quand elles ont raconté leurs vécus et parlé des ONG dans lesquelles elles interviennent, j’ai senti que je voulais aller plus loin dans mon engagement. J’ai même pensé créer une petite association pour apporter ma contribution à la communauté et participer à éradiquer les Violences Sexistes et Sexuelles.