– Présidentielle et droits des femmes dans le monde : qu’en est-il de l’engagement des candidat-e-s ?

– Présidentielle et droits des femmes dans le monde : qu’en est-il de l’engagement des candidat-e-s ?

Le 8 mars, la France lançait le « Serment de Paris » réaffirmant l’universalité du combat pour les droits des femmes et le serment solennel des autorités françaises de le mener en France, en Europe et dans le monde. Quelques semaines plus tard, le 24 mars, deux débats étaient organisés dans le cadre de l’élection présidentielle, l’un sur la solidarité internationale, l’autre sur les droits des femmes. Equilibres & Populations a profité de cette occasion pour interpeller les candidat-e-s sur la nécessité, une fois élu-e, de faire vivre « le Serment de Paris » et de lier la solidarité internationale et les droits des femmes, deux sujets fondamentaux pour l’avenir de nos sociétés. Si certains candidats et leurs soutiens semblent prêts à porter cet engagement de manière plus volontariste que d’autres, une forte mobilisation collective de la part de la société civile restera dans tous les cas indispensable pour que la France tienne ses engagements.

Quatre candidats à l’élection présidentielle avait été invités aux  deux débats organisés vendredi 24 mars dans la perspective de l’élection présidentielle, l’un sur la solidarité internationale par des associations à l’amphithéâtre du quotidien Le Monde, et l’autre sur les droits des femmes par la Fondation des Femmes. Premier constat : ni François Fillon, ni Benoît Hamon, ni Emmanuel Macron, ni Jean-Luc Mélenchon n’étaient présents. Au-delà de possibles contraintes d’agenda, cela laisse penser que ces deux sujets ne constituent pas des priorités pour les candidats. Deuxième constat : les quatre représentant-e-s s’exprimant sur la question de la solidarité internationale étaient des hommes et sur les droits des femmes, des femmes.

Le rôle de la France dans la défense des droits des femmes

Le débat sur les droits des femmes s’est centré sur les questions françaises, ce qui est légitime. Cependant, le rôle de la France dans la promotion des droits des femmes dans le monde aurait au moins pu être discuté, ne serait-ce que parce que les questions internationales font partie des prérogatives présidentielles. Le « Serment de Paris », lancé le 8 mars par le président de la République et les ministres  des Affaires Etrangères et des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, n’a même pas été évoqué, que ce soit pour critiquer ou pour défendre l’action menée pendant le quinquennat qui s’achève.

Le débat sur la solidarité internationale et l’aide publique au développement n’a que partiellement traité des questions d’égalités femmes-hommes. Seul Pascal Cherki, porte-parole de Benoît Hamon, a spontanément parlé de la thématique de genre, lorsqu’il a expliqué que l’aide en dons devait augmenter pour certains secteurs (dont la santé, l’éducation et le genre).

Les réponses aux questions d’Equipop

Ce n’est qu’interpellés par Equipop que les représentants des candidats ont exposé leurs visions de l’égalité femmes-hommes. Par exemple, Jean-Michel Séverino, représentant d’Emmanuel Macron, a affirmé que la stratégie Genre et développement est « indispensable à la prochaine étape de notre politique de développement », et Djordje Kuzmanovic a souligné que cette stratégie était précisément traitée dans le programme de Jean-Luc Mélenchon. Nous prenons bonne note de ces déclarations d’ordre général, intéressantes si elles sont suivies d’action.

En ce qui concerne les modalités de mise en œuvre, le discours a varié. Christian Cambon, représentant de François Fillon, n’a pas voulu faire de promesse chiffrée dans un contexte budgétaire tendu. Les représentants de Benoît Hamon et d’Emmanuel Macron ont mis en avant l’objectif d’atteindre la marque de 50% de projets de développement contribuant directement ou partiellement à l’égalité femmes-hommes… ce qui est déjà l’objectif énoncé par la Stratégie 2013-2017 du Ministère des Affaires étrangères. Pascal Cherki a en revanche été parfaitement clair sur une thématique précise, en évoquant l’Afrique de l’Ouest : « Il faut passer à la caisse pour la santé reproductive et le droit à maîtriser son corps ».

Faire émerger une vision globale de l’égalité femmes-hommes

De façon générale, la promotion des droits des femmes a souvent été ramenée à la condition de l’augmentation de l’aide française jusqu’à 0,7% du revenu national brut, engagement historique des pays développés. Cela démontre qu’il reste du chemin à parcourir avant d’accéder à une compréhension générale de ces enjeux.

Si l’on ne peut qu’être d’accord avec Pascal Cherki, pour qui « 50% de 0,7%, c’est mieux que 50% de 0,4% » (niveau actuel de l’aide française), il faut en revanche affirmer que l’augmentation globale des ressources n’est pas une condition de l’augmentation de l’effort en faveur des droits des femmes. D’une part, parce que cet effort est fondamental en termes de droits, et souvent urgent. D’autre part, parce qu’investir pour les droits des femmes est un levier pour le développement – et non pas l’inverse.