La Ligue Nigérienne des Droits des Femmes (LNDF) est une pionnière, c’est la première organisation du Niger à se déclarer officiellement féministe jusque dans ses textes statutaires. Créée en décembre 2022 par la volonté d’une vingtaine de militantes, la Ligue a obtenu sa reconnaissance en mai 2023. Six membres ont été élues à la direction du bureau pour un mandat de trois ans. Avec l’appui de 81 bénévoles, l’organisation joue un rôle crucial dans la promotion des droits des femmes au Niger, en œuvrant pour une société plus équitable et en offrant un soutien indispensable aux femmes qui en ont besoin. Elle milite pour que les survivantes des violences puissent s’exprimer, être crues et bénéficier d’une prise en charge bienveillante et confidentielle.
Récits de femmes
Le bureau de la Ligue à Niamey, la capitale du Niger, est devenu un refuge pour les femmes et filles vulnérables. « Nous avons aménagé un lieu où elles peuvent se reposer, s’informer sur leurs droits grâce à notre clinique juridique, et trouver des kits de DSSR (comprimés pour douleurs menstruelles, serviettes hygiéniques réutilisables, savon, etc.). Nos premières bénéficiaires, des jeunes filles de 20 à 35 ans, se sont appropriées nos initiatives. Elles invitent d’autres filles et proposent elles-mêmes des activités », explique Souwaiba Ibrahim, présidente de la Ligue Nigérienne des Droits des Femmes.
A l’occasion de son premier anniversaire, la Ligue a inauguré en mai 2024 une bibliothèque féministe. Ce lieu de rencontres permet aux jeunes Nigériennes de discuter sereinement de sujets comme l’autonomie corporelle et les DSSR. Chaque mois, un club de lecture choisit un livre, le premier étant A propos d’amour de bell hooks. « Tous les courants et sources féministes sont les bienvenus ! », ajoute Souwaiba Ibrahim.
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Recul des MGF
Grâce à la mobilisation des associations de droits humains, le taux de prévalence des Mutilations Génitales Féminines (MGF) est en baisse au Niger, avec actuellement 2,1%. C’est une avancée à saluer, et une lueur d’espoir. Néanmoins, « il faut continuer de déconstruire les croyances erronées qui justifient les mutilations et pousser les gouvernements à adopter et appliquer de manière stricte les lois », insiste la Ligue.
Le soutien sorore d’Equipop
Les fondatrices de la Ligue se sont rencontrées lors d’un café féministe organisé en 2021 par Equipop. Un soutien financier leur a ensuite permis de recruter un consultant pour les aider à se structurer, louer un bureau et acheter du matériel pour aménager la bibliothèque féministe. Equipop a aussi débloqué un fonds d’urgence à la suite du coup d’Etat de 2023 qui a entrainé la suspension de nombreux financements étrangers.
« Equipop comprend notre réalité et fait preuve d’une grande flexibilité. C’est la première ONG à nous avoir fait confiance. Sans son appui, nous n’en serions pas là aujourd’hui », Souwaiba Ibrahim, présidente de la Ligue Nigérienne des Droits des Femmes.
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Zoom sur … la création d’un « Espace à nous »
Du 4 au 6 mars 2024, à Cotonou au Bénin, la Ligue a pris part au symposium organisé par Equipop intitulé « Un espace à nous entre militantisme et recherche : dialoguons sur une approche féministe des DSSR ! ». Financé par AMC dans le cadre du projet Foundation, cet événement a rassemblé 40 militant·e·s et chercheur·e·s de 14 pays pour réfléchir collectivement à repolitiser les enjeux liés à la santé et aux DSSR dans une perspective féministe ainsi qu’aux actions pour lutter contre les mouvements anti-droits.
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A suivre …
La Ligue recherche un partenariat stratégique pour bénéficier de fonds pérennes. Cela lui permettrait d’employer au moins trois salariés à temps plein et de concrétiser ses idées. Le Niger connaît aussi un backlash puisque les militaires ont supprimé le ministère de la Femme et retiré leurs troupes des zones d’insécurité où les enlèvements de femmes et de filles par les groupes terroristes sont quotidiens. Dans ce contexte d’instabilité politique, la Ligue compte bien veiller à la préservation des acquis sociaux-juridiques et continuer de se mobiliser pour faire entendre la voix des Nigériennes.
