Disparition de Luc de Bernis
Notre collègue et ami, Luc de Bernis, s’en est allé le 6 avril à l’hôpital de Montpellier. C’est avec une immense tristesse que nous avons appris sa disparition et que nous nous associons à la douleur de ses proches. Membre très actif du bureau d’Equipop depuis 2016, Luc a été un soutien précieux et un compagnon de route fidèle.
Ensemble, nous partagions de nombreuses valeurs et convictions. Parmi elles, le fait que la santé est politique. Lui qui, pendant de nombreuses années, avait contribué au combat pour l’éradication de la mortalité maternelle et néonatale au sein de plusieurs agences onusiennes était persuadé de l’importance de mettre à jour les mécanismes sociaux et économiques des inégalités en santé, entre les individus et au niveau mondial. Gynécologue-obstétricien de formation, il avait exercé ce métier dans de nombreux contextes, en Afrique de l’Ouest comme en France, où il continuait à consulter dans deux centres de santé sexuelle à Villeneuve-sur-Lot. Cette expérience de soignant l’amenait régulièrement à s’indigner face à la dégradation de l’accès aux services, en particulier à l’IVG. Militer aux côtés des femmes pour défendre leur libre choix à disposer de leur corps s’imposait à lui comme une évidence.
De Luc, nous garderons en mémoire son sens du collectif et de la justice sociale, son intelligence sensible et cette disposition rare qu’il avait d’écouter, d’être présent pour l’autre, de se laisser toucher. C’était un passeur, un être ouvert sur plusieurs mondes qui favorisait les rencontres dès qu’il le pouvait. Nous échangions souvent sur sa passion pour le théâtre et sur « Maison Auriolles » où il vivait et qui accueillait en résidence artistes et chercheur·e·s. Il cultivait l’esprit critique et nous encourageait à collectivement nous outiller pour déchiffrer un peu de la complexité du réel. Au fait des difficultés de l’action, jamais donneur de leçons, toujours soutenant, il ramait avec nous, dans le même bateau. Lucide, il nous répétait qu’il évoluait dans son féminisme à nos côtés et se questionnait constamment sur sa place d’allié des luttes que mènent les femmes dans le monde. Lors de la dernière Assemblée Générale d’Equipop, il avait introduit le renouvellement de sa candidature au conseil d’administration en affirmant : « je suis un homme blanc, de beaucoup plus de cinquante ans, qui essaie d’être féministe tous les jours et qui en tous les cas soutient les mouvements féministes, raison pour laquelle je suis attaché à Equipop et à son mandat. Je suis prêt à poursuivre cet investissement si j’ai votre confiance ». Aujourd’hui, nous lui renouvelons notre profond attachement et notre confiance éternelle.