Avortement aux Etats-Unis – Notre réponse : toujours plus de solidarités féministes !
Vendredi 24 juin, la Cour Suprême des Etats-Unis a confirmé la révocation de l’arrêt Roe vs. Wade, qui garantissait le droit à l’avortement dans tout le pays. Dorénavant, chaque Etat peut interdire l’avortement sur son territoire, ce qui représente un retour en arrière de 50 ans pour les droits des femmes. A court ou moyen terme, plus d’une vingtaine d’Etats sont susceptibles d’interdire l’avortement. C’est une conséquence directe du mandat de D. Trump, qui avait nommé des juges conservateurs à la Cour Suprême, au service d’un agenda anti-choix, et plus largement anti-droits. Face à la capacité de nuisance des gouvernements réactionnaires et de leurs alliés issus de mouvements religieux fondamentalistes, Equipop s’associe aux mobilisations féministes dans le monde.
A l’international, soutenir les mouvements féministes et leurs revendications
La gravité de cette situation appelle plusieurs actions. D’abord, une solidarité sans condition avec les femmes aux Etats-Unis, et notamment les femmes en situation de précarité, qui seront les premières victimes de ces restrictions. Equipop appelle à rejoindre toutes les mobilisations féministes et solidaires qui vont se multiplier, comme par exemple la manifestation organisée le 2 juillet à Paris par le Collectif Avortement Europe.
Ensuite, les Etats, et en particulier ceux qui revendiquent une politique étrangère féministe, doivent utiliser tous les leviers diplomatiques pour réaffirmer dans tous les espaces internationaux le droit à l’avortement. Un soutien implicite ne suffit plus, que ce soit dans les instances multilatérales ou des espaces plus informels.
Par exemple, le G7 sous présidence française (2019) n’avait pas fait mention des droits sexuels et reproductifs pour satisfaire l’administration Trump. Les deux G7 suivants, aux Etats-Unis puis au Royaume-Uni, n’ont pas apporté d’avancées sur ces enjeux. Cela n’était pas la priorité affichée en 2022 non plus. Le Canada, la France, l’Allemagne, qui revendiquent des politiques étrangères féministes, doivent être forces de propositions au plus vite.
Il en va de même au niveau de l’Union européenne. L’élection d’une personnalité politique anti-avortement à la présidence du Parlement européen, la situation des droits des femmes en Pologne, ou encore les conséquences de la guerre en Ukraine, par exemple, doivent inciter les Etats comme la France à adopter un positionnement plus ferme sur ces enjeux.
Les Etats doivent s’engager à soutenir financièrement les mouvements féministes partout dans le monde, y compris les fonds d’urgence féministes pour l’accès à l’avortement et les associations qui fournissent des informations et des services en santé sexuelle et reproductive.
Depuis une dizaine d’années, la France défend l’avortement dans ses positions diplomatiques. Cependant, sa stratégie internationale pour les droits sexuels s’est achevée fin 2020. Elle doit être renouvelée sans tarder et, surtout, assortie de financements substantiels. Doubler les fonds pour les DSSR, voilà qui serait une réponse concrète de la part du gouvernement français.
En France, inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution
En France, le tissu associatif féministe fait face à un manque de moyens financiers criant. Il faut augmenter le soutien financier à des structures comme le Planning Familial, qui jouent un rôle primordial en matière d’éducation à la sexualité et d’accès à la contraception et à l’avortement.
Enfin, la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis souligne la fragilité du droit à l’avortement et confirme la nécessité de le renforcer partout, dès que cela est possible. En France, la suppression de la notion de “détresse” ou du délai de réflexion obligatoire, l’allongement des délais légaux pour pratiquer une IVG, la possibilité pour les sages-femmes de pratiquer des avortements médicamenteux, sont aurant de petits pas qui améliorent l’accès à l’IVG. Il s’agit maintenant de sécuriser un peu plus le droit à l’avortement, en l’entérinant dans la Constitution.
Cette demande est exprimée depuis des années par de nombreuses associations et institutions, dont le Haut Conseil à l’Egalité. Ces derniers jours, plusieurs pétitions ont été lancées. La NUPES travaillait sur une proposition de loi en ce sens, suivie par la majorité présidentielle, qui change donc de position par rapport au quinquennat précédent. Avec l’arrivée de 89 député·e·s d’extrême-droite à l’Assemblée nationale, cette mesure est plus que jamais nécessaire. Equipop continuera à mobiliser les député·e·s et le gouvernement en ce sens.