– Accompagner le développement d’associations locales : un objectif stratégique réaffirmé
Depuis les années 2000 et le début de ses interventions en Afrique de l’Ouest, Equipop a souhaité inscrire son action en partenariat avec
la société civile locale. En 2013, constatant que participer efficacement au renforcement des acteurs et actrices locaux et qu’appuyer leur action collective nécessitait une approche et des moyens spécifiques, elle a initié aux côtés de partenaires associatifs historiques la création d’un réseau, Alliance Droits et Santé, tout en développant une offre d’accompagnement adaptée aux besoins de ses membres. Cinq ans après, retours sur les acquis et présentation des perspectives.
Un long chemin a été parcouru, depuis qu’Equipop et trois de ses partenaires historiques en avril 2013 ont décidé de fédérer et de renforcer les énergies associatives ouest africaines en faveur des femmes et des filles. C’est en tout cas le constat qui était sur toutes les lèvres lors de la réunion annuelle d’Alliance Droits et Santé, en février 2018 à Ouagadougou. Les 21 associations, représentant six pays de la région, ont ainsi souligné les acquis de ce travail collectif :
- 4 800 000 dollars mobilisés avec l’appui d’Equipop et gérés de manière autonome par les associations,
- Un engagement de chaque association dans le développement de ses capacités à travers des actions concrètes (révision des modes de gouvernance, consolidation de la gestion financière, mise en place d’une politique de ressources humaines…),
- Une campagne multi-canal animée au profit de l’accès à la contraception des femmes, des jeunes et des couples qui le souhaitent, en s’appuyant sur un réseau d’une centaine de champions et championnes,
- Des avancées concrètes sur le plan politique concernant des enjeux clés comme la délégation des tâches, l’accès des jeunes aux DSSR (droits et santé sexuels et reproduc- tifs) ou encore l’engagement des autorités décentralisées,
- Sans oublier la construction d’une culture commune et le développement de capacités de collaboration, car mener des projets à plu- sieurs ne s’improvise pas.
De nombreux acquis, mais aussi des défis à relever
Si le bilan est très positif, la capacité d’action des associations locales reste limitée par certaines barrières.
En premier lieu, l’accès aux financements : les instruments financiers sont souvent rigides et peu adaptés à la conduite de projets collectifs. Ces derniers supposent des concertations préalables, mais aussi l’accès à des connaissances existantes dans le domaine et leur utilisation. Par ailleurs, ils doivent s’inscrire dans la durée, car le changement social ne s’obtient pas en quelques mois. Enfin, comprendre les incidences des projets de mobilisation politique et sociale impliquent de dépasser les cadres de suivi-évaluation classiques. Toutes ces choses sont rendues difficiles par le format de beaucoup d’appels à projets.
Deuxième barrière : des capacités organisationnelles relativement faibles. Pour être innovantes et performantes, les associations doivent pouvoir consacrer des ressources à leur fonctionnement et à leur développement, ce qui constitue une véritable gageure quand on connait le modèle économique de la plupart des acteurs et actrices locaux.
Troisième barrière : la nécessité de consolider une voix régionale. Les associations d’Afrique de l’Ouest de promotion de la santé et des droits des femmes n’ont jusqu’à présent pas pu construire une approche de plaidoyer à l’échelle régionale faute d’espaces de concertation.
Une nouvelle étape pour l’accompagnement des associations locales
En bâtissant sur les acquis tout en s’adaptant aux défis énoncés, Equipop poursuivra son engagement auprès des associations locales à travers un nouveau dispositif.
Tout d’abord, deux fonds seront mis à disposition des associations. Un fonds innovation financera des projets collectifs tout en les accompagnant, notamment en me ant à disposition des associations des méthodologies, des connaissances, mais aussi des espaces de collaboration (cf. l’Equipop Lab présenté dans l’article suivant). Le fonds de développement organisationnel sécurisera des ressources pour permettre aux associations de consolider leur organisation en fonction de leurs besoins spécifiques. Elles pourront aussi être accompagnées dans la mise en œuvre de ce renforcement par Equipop, qui a développé ces dernières années des outils adaptés.
Enfin, l’expression d’une voix commune auprès des décideurs régionaux constituera un troisième axe d’appui.