Nafissa Toure, une femme engagée pour l’abandon de l’excision

 

Nafissa Toure est animatrice depuis 2009 au sein du projet “Protéger la Prochaine Génération” qui vise à l’abandon de la pratique de l’excision dans la région de Kayes au Mali.

 

 

1-Nafissa, tu es investie sur le projet « Protéger la Prochaine Génération » depuis 6 ans. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton travail d’animatrice de terrain ?

 

En effet, je travaille sur le projet depuis 2009. Mon travail consiste à informer, communiquer et sensibiliser sur la santé et les droits sexuels et reproductifs dans le but de lutter contre l’excision et les violences basées sur le genre, mais aussi de promouvoir les droits des femmes et des enfants à travers des visites à domicile et des échanges individuels.

Je suis l’interface et la référente du projet dans 10 villages avec les communautés et les autorités coutumières et religieuses. J’identifie et accompagne des cas de complications liées à l’excision et d’autres formes de violences basées sur le genre pour leur prise en charge médico-sociale.

 

2-Tu accompagnes les communautés vers l’abandon des mutilations sexuelles féminines. Quels sont les grands changements que tu as pu constater dans tes villages d’intervention ?

 

Avant, parler de la thématique de l’excision était interdit. Avec les activités de sensibilisation toutes les couches sociales peuvent maintenant en discuter. Les leaders sont plus flexibles. On a des enfants non excisées. Le taux de mariage précoce a diminué. Les centres de santé sont plus fréquentés par les femmes pour les consultations pré et postnatales.

La prise en charge médicale a été une satisfaction pour les femmes. Certaines femmes pensaient ne pas pouvoir avoir d’enfants et ont finalement donné naissance. L’une des femmes a d’ailleurs donné mon prénom à l’une de ses filles. Je suis très bien intégrée dans la communauté. On nous considère quelques fois comme des parents.

Maintenant, il y a beaucoup de filles dans les écoles, ce qui avant ne se passait pas. Il y a même des femmes dans les concertations de prise de décision villageoises, alors qu’avant la place y était réservée aux hommes.

 

3-Quels sont les messages forts que tu adresses aux communautés pour les amener à changer leurs comportements ?

 

Les messages ont surtout visé à montrer aux communautés que la pratique de l’excision n’est pas religieuse. J’ai aussi beaucoup insisté sur les conséquences médicales de l’excision.

 

4-En plus des activités de sensibilisation, tu accompagnes les femmes souffrant de complications de l’excision dans le circuit de prise en charge médicale et psycho-sociale. Peux-tu nous dire quel est l’impact de cette activité sur le processus d’abandon de l’excision ?

 

La prise en charge médicale et psycho-sociale de ces femmes par les communautés a été un pas très important. Elle nous a permis, avec l’appui des agents de santé partenaires, de faire le lien avec les maladies que les femmes ont et la pratique de l’excision.