– Lutter contre les inégalités de genre et promouvoir les droits pour faire reculer le sida

– Lutter contre les inégalités de genre et promouvoir les droits pour faire reculer le sida

Dans son rapport annuel 2018, le Fonds mondial de lutte contre le sida tire la sonnette d’alarme. Si les efforts ne s’intensifient pas, en particulier en direction des femmes et des jeunes, les niveaux épidémiques des années 2000 pourraient être à nouveau atteints.

INÉGALITÉS LIÉES AU GENRE ET MARGINALISATION DES JEUNES

Le rapport du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, publié mercredi 12 septembre, est sans appel : 

Le constat est simple : nous ne sommes pas en bonne voie pour mettre fin aux épidémies à l’horizon 2030, conformément aux cibles des objectifs de développement durable.

Les progrès obtenus en matière de lutte contre le VIH/sida sont en effet insuffisants, et l’attention internationale ne doit en aucun cas se relâcher. Dans un contexte de croissance accélérée de la population jeune, notamment en Afrique, les Etats doivent au contraire redoubler d’efforts.

Le rapport souligne que la lenteur des progrès est notamment due au fait que le nombre d’infections reste très élevé chez les adolescentes et les jeunes femmes, qui sont touchées de façon disproportionnée par l’épidémie. Par exemple, dans certains pays d’Afrique, les femmes de 15 à 24 ans courent jusqu’à huit fois plus de risques de contracter le VIH que les hommes du même âge.

Deux phénomènes sont en cause. D’une part, les inégalités liées au genre limitent le pouvoir décisionnel des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive. Mariages précoces, violences, tabous liés à la sexualité, manque d’accès à l’éducation et à l’information, lois coercitives, sont autant d’obstacles à la négociation, notamment du port d’un préservatif ou l’accès aux services de santé pour les femmes, et plus particulièrement les adolescentes.
D’autre part, les grands progrès accomplis en matière de prise en charge du VIH/sida ont eu pour effet paradoxal d’émousser le sentiment d’urgence en matière de prévention, en particulier chez les jeunes.

Par ailleurs, on constate un relatif désinvestissement général dans les programmes d’éducation à la sexualité et de santé destinés aux jeunes, malgré une efficacité démontrée.

UN LEVIER A ACTIONNER D’URGENCE : PROMOUVOIR UNE APPROCHE INTÉGRÉE DES DSSR ET DE LA LUTTE CONTRE LE SIDA

Dans ce contexte, un levier à actionner est l’intégration des programmes de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) et de lutte contre le VIH/sida. Avec l’appel de Glion [1], cela fait maintenant quatorze ans que la communauté internationale a établi un consensus sur l’intérêt de cette approche. Il s’agit de repenser l’offre de services de prévention, conseils et soins dans un parcours de santé : prévention et prise en charge des grossesses non désirées et des IST/VIH, suivi pré-natal et prévention de la transmission mère-enfant, accouchement assisté, suivi post-natal et accès au traitement. Néanmoins, beaucoup reste à faire pour la rendre effective.
Cette intégration, dont les preuves de l’efficience comme de l’efficacité ont été faites, doit reposer sur des approches transversales, en particulier la promotion des droits humains et la perspective de genre. Ces approches permettront de s’attaquer aux déterminants sociaux à l’origine de la pandémie.

© Christophe Abramowitz

Le rapport du Fonds mondial fait écho à cette analyse, en considérant la lutte contre les inégalités de genre et la promotion des droits humains comme deux solutions à promouvoir. Cela complète également l’approche transversale qu’il promeut pour renforcer les systèmes de santé et améliorer la couverture santé universelle.

AUGMENTER L’EFFORT DE FINANCEMENT

S’il est important de réviser les politiques et les programmes, ces efforts risquent de rester vains sans la mobilisation de moyens à la hauteur du défi. En 2017, l’aide internationale pour la lutte contre le VIH/sida était bien en-dessous des besoins. A titre d’exemple, pour la période 2020-2022, les expert·e·s estiment entre 16,8 et 18 milliards de dollars le budget nécessaire pour le Fonds mondial. Or, la contribution des Etats n’a cessé de diminuer durant les cinq dernières années, avec notamment une baisse considérable des financements américains.

C’est pourquoi, dans un communiqué de presse co-signé avec ses partenaires de la société civile, Equipop appelle le Président Emmanuel Macron à mobiliser ses homologues lors de la Conférence de Reconstitution du Fonds mondial qui aura lieu à Lyon le 10 octobre 2019. Equipop est prête à accompagner la France dans son rôle de cheffe de cordée. Elle veillera également à ce que les futurs programmes prennent en compte la dimension du genre et les besoins des jeunes, et fassent de l’intégration des DSSR et de la lutte contre le VIH/sida une réalité.

[1] L’appel à l’action de Glion sur la planification familiale et la lutte contre le VIH/sida chez la femme et l’enfant, 3-5 mai 2004, OMS et UNFPA