– Premier rendez-vous très – trop ? – écologique pour Nicolas Hulot

– Premier rendez-vous très – trop ? – écologique pour Nicolas Hulot

Nommé le 17 mai dernier, Nicolas Hulot présentait dans le cadre de la Semaine Européenne du Développement Durable (SEDD) une large feuille de route pour son ministère. Présente à cet évènement, Equipop a constaté un engagement très variable selon les sujets. Le nouveau ministre ne doit pas se contenter d’agir sur les questions écologiques, qui correspondent certes à son parcours. La vision du développement durable doit être élargie à sa dimension sociale.

Le 29 mai 2017 se tenait au nouveau Ministère de la Transition écologique et solidaire l’évènement de lancement de la Semaine Européenne du Développement Durable. Chaque année, le ministère lance un appel à projets et reçoit des milliers de candidatures et initiatives en relation avec le développement durable. En France, l’évènement existe depuis quinze ans et a permis l’année dernière à 1 500 projets de voir le jour, avec l’appui de l’Union européenne.  

Le développement durable, uniquement présenté à travers sa dimension écologique

Pour cette édition 2017, l’Agenda 2030 de l’ONU et plus particulièrement les 17 objectifs de développement durable (ODD) sont à l’honneur. Dans le premier discours de son mandat, Nicolas Hulot a émis le souhait que son gouvernement et son ministère soient les acteurs de l’entrée du pays dans l’ère du développement durable. Il a mentionné la nécessaire solidarité dont allait devoir faire preuve « l’homme » envers les générations futures. Ce vocabulaire, peut-être simplement maladroit, est tout de même révélateur de la vision assez restrictive du développement transparaissant dans l’ensemble du discours du ministre.

Tout d’abord, la contribution des femmes au développement durable, y compris à la lutte contre les changements climatiques, et l’effet levier que constitue l’approche genre, n’ont pas été cités par le ministre. Dans les interventions suivantes, assurées par des acteurs et actrices des secteurs public et privé, ces facteurs fondamentaux n’ont fait l’objet que de quelques mentions très discrètes, à l’exception notable de la Directrice de Développement Durable de Suez.

D’importantes attentes sur la dimension sociale du développement

L’égalité entre les femmes et les hommes et l’approche « genre et développement » n’ont pas été les seules oubliées de ces discours. Plus largement, ce sont les ODD sur la santé, l’éducation, les inégalités et le travail décent qui ont été passés sous silence ou très peu mentionnés.

Cet effacement de la dimension sociale du développement ne vient pas uniquement d’un cloisonnement des attributions entre le ministère dirigé par Nicolas Hulot et, par exemple, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (répartition qui, à l’heure actuelle, reste à préciser officiellement). Il a des causes plus profondes, ancrées dans les représentations collectives. Certes, les nouvelles générations n’ont pas connu d’époque où l’expression « développement durable » n’existait pas. Elle est désormais enseignée à l’école, la branche de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) est présente dans la plupart des grands groupes et entreprises, et l’attribution d’un César au film Demain prouve que le sujet touche le grand public. Mais « développement durable » n’est encore pour beaucoup que synonyme de voiture électrique, compost et ampoules à basse consommation.

Au-delà de ce premier évènement, Equipop s’emploiera donc à promouvoir les enjeux sociaux du développement pour qu’ils soient intégrés aux actions du gouvernement d’Edouard Philippe. A plus long terme, nous poursuivrons le processus de sensibilisation à l’approche « genre et développement », qui est à la fois une question de respect des droits fondamentaux et une formidable opportunité pour accélérer le développement.