Les jeunes filles dans les objectifs de développement durable

En 2015 dans le monde, une fille sur cinq est privée d’école. Une fille sur trois est mariée avant ses 18 ans. Ces chiffres, parmi beaucoup d’autres, sont symptomatiques d’une situation qui ne doit rien au hasard. Les jeunes filles, qui souffrent d’une double discrimination liée au sexe et à l’âge, ont été les grandes oubliées des politiques jusqu’à présent. Le programme de développement durable des Nations Unies est une occasion formidable de renverser la situation. Garantir les droits fondamentaux des filles est un devoir pour tous les Etats. C’est aussi une opportunité de développement : lorsque les jeunes filles exploitent leur potentiel, cela bénéficie à l’ensemble de leurs sociétés, et au développement mondial.

La situation en 2015

 

Le bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement, dont l’agenda a expiré en septembre 2015, était contrasté. Certes, d’énormes progrès ont été réalisés, notamment en termes de lutte contre la pauvreté ; mais ils restent très partiels et inégaux selon les zones géographiques et catégories de population.
De fait, dans les domaines qui ont trait à la mission d’Equilibres & Populations, les besoins des populations restent immenses :
  • ­ Chaque jour, 800 femmes meurent de causes évitables liées aux complications dues à la grossesse et à l’accouchement ;
  • ­ Plus de 220 millions de femmes dans les pays en développement veulent prévenir une grossesse, mais n’ont pas d’accès à une contraception efficace ni à des services de qualité ;
  • ­ 1 fille sur 3 est mariée sans son consentement dans les pays à faible revenu ou intermédiaire ; au total, 60 millions de filles impubères sont mariées chaque année ;
  • ­ En Afrique sub­saharienne, moins d’une jeune fille sur cinq atteint le cycle d’éducation secondaire.

Quelle est la place des filles dans le programme de développement ?

 

Le programme de développement durable des Nations Unies explicite ces enjeux, puisqu’il utilise systématiquement l’expression “les femmes et les filles”. Il prévoit par ailleurs un effort pour fournir des données désagrégées par sexe et par âge (§ 74.g).
Plus spécifiquement, les jeunes filles sont citées dans les cibles de l’objectif de développement durable concernant l’éducation (ODD 4) : “Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie” et dans l’ODD 5 sur l’égalité des sexes, “Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles”.
La troisième cible de l’ODD 5 énonce des enjeux à la croisée de plusieurs questions déterminantes pour les jeunes filles : “Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine” (5.3).

Traduire le texte en actions effectives pour les filles

 

Pour que ces orientations se concrétisent, il est indispensable de financer des programmes spécifiques pour les jeunes filles. La participation du secteur privé, souhaitable dans l’absolu, ne doit pas s’accompagner d’un désengagement du secteur public.
Le programme des Nations Unies rappelle, à juste titre, que ses objectifs et ses cibles sont “indivisibles”. C’est encore plus vrai en ce qui concerne les jeunes filles. Par exemple, les efforts pour scolariser les adolescentes resteront vains si elles sont nombreuses à quitter l’école en raison d’une grossesse précoce.
Bien que formulées de manière assez frileuse, les cibles 3.7 et 5.6*, qui renvoient aux questions de santé sexuelle et reproductive, constituent une base satisfaisante pour avancer dans ce domaine‐clé. Les Etats devront faire une priorité de la mise en oeuvre de ces cibles, toujours en partant des besoins et demandes des jeunes filles.